Chez le cheval, les perturbations de la digestion peuvent se traduire par des diarrhées aigües ou chroniques, qui sont la résultante d’infections bactériennes ou virales, d’infestations parasitaires, ou bien encore de modifications de l’équilibre du microbiote intestinal (encore appelé « flore intestinale »).
La diarrhée est une affection sévère, qui peut être particulièrement sérieuse et conduire à la mort de l’équidé dans les cas les plus graves.
Mais les perturbations de l’équilibre du microbiote intestinal, associées à une inflammation chronique, peuvent également conduire au syndrome du free faecal water. C’est tout du moins une hypothèse avancée par les chercheurs et vétérinaires. Les chevaux atteints de ce syndrome produisent des crottins de forme et de consistance normales mais qui s’accompagnent d’une perte d’eau avant ou après l’émission du crottin. Cette condition est bénigne et n’empêche pas le cheval de mener une vie normale. Cependant, elle conduit à des problèmes esthétiques, puisque la queue, ainsi que les postérieurs du cheval sont continuellement sales, et peut entrainer des lésions de la peau, avec chute des poils dans les cas les plus sévères.
Les causes de ce syndrome n’ont pas encore été résolues, si les origines alimentaires et parasitaires semblent écartées, les chevaux stressés seraient cependant les plus à risque.
Comment soigner une maladie pour laquelle on ne connait pas la cause ?
La transplantation fécale est une technique qui permet de transplanter le microbiote intestinal d’un individu sain (par l’utilisation de ses fèces), dans le système digestif d’un individu malade.
Utilisée chez l’homme dans les cas de maladies inflammatoires de l’intestin, ou encore des infections intestinales bactériennes résistantes aux antibiotiques, elle peut également être mise en place chez le cheval.
Au cours du congrès European Workshop of Equine Nutrition (EWEN), qui se déroulait en Suède du 16 au 18 août 2018, des chercheurs du Royaume-Uni, des Pays-bas et du Danemark ont présenté leurs résultats sur l’effet de la transplantation fécale chez les chevaux atteints de « free faecal water ».
Dans la pratique, les chercheurs ont utilisé les crottins d’un cheval sain, qu’ils ont mélangé à du sérum physiologique et transplanté dans le système digestif des chevaux malades, via une sonde naso-gastrique. A la suite de la transplantation, ils ont également injecté du psyllium aux animaux. Afin d’augmenter le pH de l’estomac et donc, limiter les effets de l’acidité stomachale sur le microbiote transféré, les chevaux recevaient également un antiacide (oméprazole). La sévérité des symptômes a été mesurée sur une échelle de 0 (pas de maladie) à 4 (sévérité maximum).
En résultat, dès quatorze jours après la transplantation, les chevaux présentaient une diminution du score de sévérité des symptômes d’une moyenne d’1 point, comme présenté sur la figure ci-dessous.
Malgré l’absence d’un groupe de chevaux « témoins », permettant de vérifier que l’amélioration des symptômes est bien liée au traitement, il semble que la transplantation fécale améliore les symptômes associés à la maladie.
Le choix du cheval donneur est particulièrement important et la qualité de sa préparation, par le biais d’une alimentation adaptée (fourrages de bonne qualité), ainsi qu’à l’aide de suppléments prébiotiques et/ou probiotiques afin d’assurer une qualité optimale de son microbiote intestinal, pourrait également jouer un rôle dans l’efficacité du traitement.