"Ma jument fait des coliques dans les heures qui suivent un épisode de stress (séparation du poulain, transport, sortie au pré après période longue au box…). Elle se met soudainement à gonfler et ces évènements sont malheureusement récurrents. Dois-je changer quelque chose dans son alimentation pour limiter ces épisodes de colique ?"
La réponse Reverdy
Il semble que votre jument ait un microbiote (= flore intestinale) sensible qui peut être très rapidement perturbé par un stress émotionnel ou alimentaire.
Il existe peu d’études scientifiques sur le sujet, cependant l’une d’entre elles a montré que les juments qui faisaient des coliques après le poulinage, présentaient une modification des proportions des bactéries intestinales dans les jours précédents les coliques1. Il y aurait ainsi bien un lien entre le microbiote et les épisodes de coliques.
Dans ce cas, l’hypothèse serait que certaines bactéries se développeraient plus que d’autres à la suite d’un stress, et seraient donc à l’origine d’une production importante de gaz, entrainant des douleurs et pouvant avoir des conséquences graves pour la jument.
Le stress émotionnel et le stress alimentaire (changement brusque d’alimentation sans transition) ont une influence sur le microbiote intestinal et cette influence peut être plus ou moins importante en fonction de l’équilibre bactérien initial chez le cheval2,3.
Dans ce cas, il faut donc limiter au maximum le stress chez la jument :
- Émotionnel : en offrant à la jument un environnement stable et calme, avec un emploi du temps régulier,
- Alimentaire : le meilleur moyen de stabiliser le microbiote intestinal et d’occuper la jument, et donc, de limiter le stress alimentaire et émotionnel, est de distribuer au moins 2kg de foin pour 100kg de poids vif (soit 10kg pour un cheval de 500 kg) par jour.
Le foin doit être de bonne qualité, mais il vaut mieux éviter les foins de légumineuses (comme la luzerne) qui peuvent être à l’origine de fermentations importantes dans le gros intestin. Il faut également éviter les changements alimentaires trop brusques (pas de mise au pré sans transition), et fractionner au maximum la ration de concentrés afin d’éviter que l’amidon ne passe dans le gros intestin. Le cas échéant, l’amidon engendrerait des fermentations indésirables dans le gros intestin, ce que nous cherchons à éviter au maximum. Il est donc également intéressant de remplacer une partie de l’énergie apportée par l’amidon par de l’huile (environ 150ml par jour pour remplacer environ 500g d’aliment). Il faut que la jument ait également de l’eau claire à volonté.
Nous conseillons également d’ajouter dans la ration le supplément Flore (il est possible de distribuer jusqu’à 3 dosettes par jour) qui apporte des postbiotiques sous la forme de facteurs d’assimilation issus de la fermentation lactique de grains d’orges germés et de ferments de céréales biologiques dont le rôle est de nourrir le microbiote « bénéfique », ainsi que des probiotiques sous forme de levures vivantes dans le but de maintenir un équilibre du microbiote optimal pour une bonne santé digestive.
Pour en savoir plus :
1. Weese, J. et al. Changes in the faecal microbiota of mares precede the development of post partum colic. Equine Vet. J. 47, 641–649 (2015).
2. Schoster, A., Mosing, M., Jalali, M., Staempfli, H. & Weese, J. Effects of transport, fasting and anaesthesia on the faecal microbiota of healthy adult horses. Equine Vet. J. 48, 595–602 (2016).
3. Daly, K. et al. Alterations in microbiota and fermentation products in equine large intestine in response to dietary variation and intestinal disease. Br. J. Nutr. 107, 989–995 (2012).