SOMMAIRE
Quels sont les facteurs qui font varier la quantité de sucres dans l'herbe ?
Quels sont les facteurs qui font varier la quantité de sucres dans l'herbe ?
Le cheval étant un herbivore, la pâture est un élément important : pour son bien-être mental (occupe et limite l’ennui) et pour sa santé (lui permet de marcher toute la journée et de couvrir ses besoins énergétiques journaliers).
Cependant, le pâturage peut également s’avérer problématique, notamment lorsque la concentration en sucres dans l’herbe est trop importante. Sous les latitudes tempérées, l’herbe stocke son énergie sous forme de fructanes, qui sont des polymères de fructose, non dégradés par le système enzymatique de l’intestin grêle, mais très bien fermentés par les bactéries productrices de lactate du gros intestin.
Ainsi, une trop grosse quantité de fructanes ingérée engendrera des fermentations indésirables, associées à une acidification du pH du gros intestin, ainsi qu’à la libération de toxines bactériennes.
Ces altérations sont responsables du développement de coliques et/ou de fourbures chez les chevaux mis à l’herbe, en particulier au printemps et à l’automne.
Pourquoi ces maladies sont-elles principalement saisonnières lorsque les chevaux vont au pâturage ? Y-a-t-il des moments privilégiés pour sortir son cheval au pré ?
Une étude a été réalisée dans la région de Piedmont, en Virginie aux Etats-Unis. La météo de cette région est tempérée, les températures et le temps d’ensoleillement moyens correspondent à ceux observés dans le sud de la France, tandis que les précipitations sont plus proches de celles observées dans l’ouest, avec un pic cependant plus important durant les mois d’été. Les auteurs ont étudié la concentration en sucres solubles dans des prés de dactyle en fonction du mois de l’année, ainsi que de l’heure de la journée. Pour cela, ils ont récolté des échantillons d’herbe toutes les semaines entre avril et juin, ainsi que le matin (entre 8 et 10h) et l’après-midi (entre 16 et 17h).
En résultat, ils ont observé que la concentration de sucres solubles (fructanes + glucose + fructose + saccharose) était plus élevée en avril qu’en mai et juin, c’est-à-dire juste avant une pousse importante de l’herbe, associée à une augmentation des températures. En prévision de la pousse, l’herbe stocke de l’énergie sous forme de fructanes. Une fois que les températures augmentent, la pousse s’active, et l’herbe utilise donc ses ressources, ce qui explique la diminution entre avril et mai. L’évolution des concentrations en sucres solubles est par ailleurs parallèle à celle des fructanes. Cela signifie donc que le risque de fourbures est le plus important au début du printemps et diminue avec l’arrivée de l’été et la pousse de l’herbe. Ce qui est observé au printemps est également observé à l’automne, c’est pourquoi ces deux saisons sont associées avec un plus grand nombre de fourbures.
Cette différence est également observée entre le matin et l’après-midi : l’herbe étant plus riche en sucres solubles en fin de journée. Grâce à la photosynthèse, l’herbe va produire et stocker des sucres sous forme libre (glucose, fructose, saccharose) ou polymérisée (fructanes) durant la journée. Elle va utiliser ces réserves la nuit pour pouvoir continuer à pousser, malgré l’absence de luminosité. Il est donc conseillé de faire pâturer les chevaux à risque le matin lorsque la quantité de sucres est la plus faible. Attention cependant à la capacité des chevaux à augmenter leur consommation d’herbe lorsqu’ils se savent restreints, ce qui peut les conduire à ingérer une quantité de sucres plus importante, malgré la concentration moindre dans l’herbe le matin, et donc à avoir plus de risque de développer une fourbure.
Ainsi, il vaut mieux sortir les chevaux à risque au pré avec un panier de pâturage afin de limiter l’absorption d’herbe. Il est également important d’offrir au cheval également du foin dans le pré, malgré la présence d’herbe. Cela est vrai tant que les températures nocturnes sont élevées (> 15°C), mais lorsqu’elles diminuent (< 10°C), la croissance nocturne ralentit voire s’arrête. L’herbe n’utilise plus toutes ses réserves de sucres la nuit, elle accumule donc plus de sucres solubles qu’elle n’en utilise : ce qui explique également pourquoi le risque de fourbures est plus important au printemps et à l’automne.
Enfin, les auteurs ont observé que le foin issu de ces pâtures n’était pas moins riche en sucres que l’herbe fraiche. Cela signifie qu’un foin peut être également très riche en sucres, et qu’il est donc nécessaire de le tremper au moins 2h avant de le distribuer aux chevaux à risque (obèses, résistants à l’insuline, syndrome métabolique équin ou syndrome de Cushing).
Il faut également savoir que les réserves en sucres se trouvent à la base de la tige, et que la quantité de sucres solubles augmente en cas de fort ensoleillement, de manque en eau, lorsque le sol est trop pauvre en matière organique, quand il gèle mais qu’il fait beau ou lorsque l’herbe est surpâturée,. A l'inverse il diminue lorsque les journées sont peu ensoleillées et varie en fonction des espèces semées et/ou se trouvant naturellement dans les prés, mais également des variétés au sein de certaines espèces.
Source
I Kagan, B Kirch, C Thatcher, J Strickland, C Teutsch, F Elvinger, R Pleasant (2011). Seasonal and diurnal variation in simple sugar and fructan composition of orchardgrass pasture and hay in the Piedmont region of the United States.