Le sevrage est un moment crucial survenant durant les premiers mois de la vie du poulain. Un sevrage mal préparé peut entraîner une « crise de croissance » pouvant avoir des conséquences sur le long-terme si elle n’est pas suivie d’une « croissance compensatrice » dans les mois suivants le sevrage.
Quand sevrer ?
Concrètement, la date du sevrage dépend des facultés individuelles du poulain et du déroulement des premiers mois de sa vie. La plupart du temps, il survient entre 5 et 7 mois.
Néanmoins, en plus de l’âge du poulain, d’autres critères doivent être pris en compte.
Le poids du poulain et la quantité journalière d’aliment ingérée sont par exemple des indicateurs objectifs permettant d’évaluer au mieux la véritable aptitude d’un poulain à être privé du lait maternel.
Ainsi, on considère qu’un poulain de race pur-sang anglais peut être sevré quand il pèse 225 kg minimum et qu’il consomme au moins 2-2,5 kg par jour d’un aliment de transition.
Comment procéder ?
La séparation entre la poulinière et sa progéniture est susceptible d’occasionner différents stress pouvant affecter la croissance du poulain. Il est donc important de préparer le poulain au mieux à cet événement déterminant pour les prochains mois de sa vie.
CHOISIR UNE MÉTHODE DE SEVRAGE QUI LIMITE LE STRESS PSYCHOLOGIQUE
En effet, la séparation entre une mère et son poulain entraîne un stress psychologique dont l’intensité sera plus ou moins importante en fonction de la méthode de sevrage utilisée.
Parmi les méthodes connues, la meilleure est celle qui convient le mieux à votre système d’élevage et qui limitera le stress et les blessures, aussi bien pour le poulain que pour la mère.
Voici les plus courantes :
SEVRAGE AU PRÉ OU FRACTIONNÉ
Au sein d’un troupeau, la séparation brutale entre la poulinière et son poulain peut n’entraîner qu’un stress psychologique minime si les mères ne sont pas toutes retirées en même temps.
Dans les élevages qui utilisent cette méthode, une ou deux mères des foals les plus vieux sont retirées et emmenées loin du groupe pendant que leurs poulains sont éloignés de leur mère. Les autres poulinières sont ensuite retirées à intervalles réguliers (ex : une toutes les semaines) ou quand leurs poulains ont atteint l’âge désiré.
Le sevrage est immédiat, certes, néanmoins, les poulains ne perdent pas totalement leurs repères. En effet, même si leur mère n’est plus là, ils restent néanmoins au sein de leur troupeau qui n’est pas déstructuré d’un seul coup. De cette manière, le stress du sevrage est limité dans la majorité des cas. Malgré cela, il est important de surveiller les poulains dans les instants suivant le retrait de leur mère.
Cette méthode est plus longue, cependant, elle permet un sevrage plus en douceur et au cas par cas, car chaque poulain pourra être sevré quand il aura atteint l’âge ou le poids désiré.
Quand le sevrage fractionné au pré est impossible (ex : un seul poulain à sevrer), on peut avoir recours à d’autres méthodes, tel le sevrage immédiat ou progressif.
SEVRAGE IMMÉDIAT
Comme son nom l’indique, la mère est retirée d’un seul coup. Il est possible de remplacer la mère par un autre animal (âne, poney, hongre, etc.). Cette solution est intéressante, néanmoins, il faut éviter tout phénomène d’attachement excessif qui entraînera à nouveau une séparation stressante le moment venu. Aussi, il est préférable de laisser le poulain seul 24h après le retrait de sa mère, avant d’introduire tout compagnon.
Quand le sevrage immédiat est pratiqué dans un élevage où plusieurs poulains sont sevrés en même temps, ces derniers sont souvent allotés par deux dans des boxes. Cependant, des études ont montré que des poulains sevrés de cette manière avaient des taux de cortisol (hormone du stress) statistiquement plus élevés que des poulains sevrés seuls dans un box. Il se pourrait que cette différence soit liée au manque de place et à la dominance d’un poulain sur l’autre. En effet, le poulain dominant peut exprimer son stress en agressant son compagnon de box qui ne pourra fuir dans cet environnement restreint. Une étude menée en 1990 à l’Université de Rutgers au New Jersey a montré que même si les poulains sevrés par deux étaient plus calmes (moins d’agitation et de hennissements), ils étaient plus immunodéprimés car plus stressés, et donc plus sensibles aux maladies que les poulains sevrés seuls dans un box.
Par conséquent, si plusieurs poulains sont sevrés en même temps, la meilleure solution serait de les sevrer seuls les uns à côté des autres en faisant en sorte qu’ils se voient (cloisons présentant des ouvertures).
SEVRAGE PROGRESSIF
Le poulain est progressivement séparé de sa mère.
Quand un seul poulain est sevré, le plus facile et sécurisant est de placer la mère et son poulain dans un grand box divisé en deux par une cloison permettant au poulain de toucher sa mère mais lui interdisant la tétée. La mère peut être éloignée petit à petit tout en restant dans la même écurie.
Cette méthode prend en moyenne 7 à 10 jours et est, la plupart du temps, très bien acceptée par les deux parties qui se désintéressent progressivement l’une de l’autre.
Quand plusieurs poulains sont sevrés en même temps, il est possible de procéder à un sevrage collectif et progressif en extérieur. Les poulains sont placés tous ensemble dans un petit paddock leur laissant néanmoins suffisamment de place pour éviter les conflits. Cet enclos est accolé à celui des mères et séparé par une clôture les empêchant de téter. Ils peuvent néanmoins les voir, les sentir et même les toucher. Quant aux mères, elles restent dans un grand paddock qui peut même être agrandi au bout de quelques jours, afin de leur permettre de sevrer elles-mêmes leur poulain en s’éloignant progressivement du paddock des poulains. La plupart du temps, le sevrage est réalisé en une semaine et ne cause ni grand stress ni blessure.
Quelque soit la méthode utilisée, il est important de manipuler le poulain avant le sevrage, de l’habituer au licol et à la marche en main. Cela facilitera d’autant plus les manipulations qui devront être effectuées au moment du sevrage et qui peuvent s’avérer dangereuses pour l’éleveur et le poulain si, en plus du stress lié à l’événement, ce dernier n’a jamais été manipulé.
Il est à noter que plus ces manipulations seront réalisées tôt (dans les jours suivants la naissance), plus elles seront faciles à mettre en place. En effet, c’est à ce moment que le poulain a le moins de force et risque le moins de se blesser.
ANTICIPER LE SEVRAGE AFIN DE LIMITER LES PERTURBATIONS DIGESTIVES
D’un point de vue alimentaire, le sevrage correspond à l’arrêt du lait maternel et donc, au passage à une alimentation solide végétale. Si cette transition est mal préparée, elle peut provoquer des troubles digestifs (perturbations de la flore avec diarrhée, etc.) qui perturberont le bon déroulement de la croissance et du développement du poulain.
Par conséquent, l’introduction d’un aliment concentré de transition contenant des produits laitiers associés à des matières premières végétales, permet d’habituer progressivement l’organisme du poulain à ce changement de régime alimentaire.
L’aliment FOAL est particulièrement adapté à cette situation.
Il contient du lait écrémé en poudre qui se démarque notamment du lactosérum par sa teneur plus élevée en protéines lactées (environ trois fois plus). Ainsi, associé à des protéines végétales de soja non OGM (garanti à 99,1%) et à des sources de matières grasses riche en oméga 3 (graines de lin extrudées), il permet de préparer et de sécuriser le sevrage en limitant toute crise de croissance s’il est correctement distribué.
Le FOAL peut être introduit quelques semaines après la naissance. La distribution journalière d’une poignée de FOAL dès l’âge de 15 jours dans une mangeoire sélective (ou dans un parc à poulains) permet d’habituer progressivement le poulain à une alimentation solide. Bien avant le sevrage, cette méthode permet d’anticiper la chute de la production de lait maternel survenant à 3 mois et donc d’éviter le retard de croissance qui peut y être associé.
Enfin, vers 5-6 mois, le sevrage total du lait maternel pourra avoir lieu quand le poulain sera capable d’ingérer suffisamment d’aliment FOAL (2-3 kg par jour) et de fourrage (foin, herbe).
Une fois sevré, il est conseillé de distribuer le FOAL pendant au moins 2 mois avant de passer sur un aliment 100% végétal tel le YEARLING.
Enfin, l’aliment FOAL contient des facteurs d’assimilation bactériens issus de la fermentation lactique d’orge germée. Distribués à dose efficace, ces prébiotiques permettent de sécuriser la jeune flore et contribuent à la mise en place d’une digestion optimale des matières premières végétales riches en fibres (aliment et fourrage).
Si l’aliment distribué est dépourvu de prébiotiques ou probiotiques, l’utilisation de REVERDY FLORE est conseillée. Distribué au minimum une semaine avant le sevrage et durant les deux semaines suivantes, ce supplément nutritionnel permettra d’apporter des probiotiques (levures vivantes) et des prébiotiques (ferments lactiques issus d’orge germée et de pain biologique fermenté) à hautes doses, ce qui contribuera à limiter les risques de perturbations digestives.
Conclusion
Le sevrage est l’événement majeur des premiers mois de la vie du poulain. S’il est mal préparé, il peut entraîner des retards de croissance et de développement pouvant compromettre la future carrière d’athlète du poulain.
Un sevrage manqué est d’autant plus grave que le jeune sera mis précocement au travail et de façon intensive. De plus, d’après Wolter (1999), un sevrage trop précoce et surtout mal préparé, pourrait à long terme conduire à des troubles beaucoup plus insidieux, notamment chez les futures reproductrices qui se révéleraient ultérieurement moins fertiles et produiraient des poulains plus chétifs, à croissance plus lente et à squelette moins résistant.
Il est donc important que le sevrage se déroule dans les meilleures conditions possibles.
Pour ce faire, plusieurs méthodes existent sachant qu’elles présentent toutes leurs avantages et leurs inconvénients. Quelque soit la méthode utilisée, la manipulation précoce des poulains, ainsi que la distribution d’un aliment concentré de qualité dès les premières semaines de vie, permettront de préparer au mieux la séparation entre le poulain et sa mère.
Bibliographie
Brown-Douglas Clarissa Dr., Common methods of weaning horses, EQUINEWS, 13 février 2012
Smith Thomas Heather, Weaning foals, THE HORSE, 1er juin 2005
Wolter R., Alimentation du cheval, Editions France Agricole, 2è édition, 1999.