Comment nourrir son cheval Cushing (PPID ou DPIP) ?

Comment nourrir son cheval Cushing (PPID ou DPIP) ?

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La maladie de cushing est très probablement causée par une neurodégénérescence dans le cerveau du cheval se traduisant par une sécrétion exagérée de certaines hormones. L’une d’entre elles, l’ACTH, serait à l’origine des nombreux symptômes qui accompagnent cette pathologie...


SOMMAIRE

I. La maladie de cushing chez le cheval, qu'est ce que c'est? 

a. Quels en sont les symptomes? 

b. Comment diagnostiquer la maladie?

c. Quels traitements possibles?

II. Comment gérer l’alimentation du cheval atteint de la maladie de cushing?

1️⃣ - Le cheval est atteint du syndrome de cushing, mais ne présente aucun signe de gravité

2️⃣ - Le cheval est atteint du syndrome de cushing et présente une fonte musculaire

3️⃣ - Le cheval atteint du syndrome de cushing, est démusclé et amaigri

4️⃣ - Le cheval est atteint du syndrome de cushing et souffre de fourbure chronique

La maladie de Cushing chez le cheval, qu'est ce que c'est? 

La maladie de Cushing est aussi connue sous le nom de PPID : Pituitary Pars Intermedia Dysfunction ou encore DPIP : Dysfonctionnement de la Pars Intermedia de la glande pituitaire (une petite glande située dans le cerveau du cheval), appelée également hypophyse.

Le saviez-vous : Jusqu’à 30% des chevaux de plus de vingt ans peuvent souffrir de cette pathologie.

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a. Quels en sont les symptômes?

Les symptômes les plus fréquents sont les suivants : fourbure, hypertrichose marquée (poils très longs et bouclés), léthargie, fonte musculaire, abdomen pendulaire, et parfois polyurie-polydipsie (augmentation du volume des urines et sensation de soif intense et permanente), infections récurrentes et épisodes de transpiration anormaux.
Ces symptômes marqués sont souvent liés à un stade très avancé de la pathologie.

D’autres manifestations cliniques peuvent néanmoins apparaître de manière plus précoce et subtile : diminution des performances sportives, baisse de fertilité, amyotrophie de la ligne du dos, légère modification du comportement, changements de l’aspect des sabots et de la boite cornée sans boiterie, léger retard de la mue printanière avec ou sans hypertrichose locale.
Les avancées scientifiques de ces dernières années ont permis un dépistage plus précoce de la maladie.

b. Comment diagnostiquer la maladie ?

[LA PRISE DE SANG]
Le dépistage de la maladie de Cushing repose sur le dosage du taux sanguin (plasmatique) de l’hormone ACTH.

⚠️ Cependant, sachant que l'exercice physique intense, une maladie modérée à grave ou une douleur intense, peuvent augmenter le taux d'ACTH plasmatique dans le sang du cheval, il convient d'interpréter les résultats en tenant compte du contexte clinique.

⚠️ Par ailleurs, l’ACTH plasmatique basale connait une variation saisonnière chez tous les chevaux. Des données récentes recueillies sur un très grand nombre d’individus suggèrent que la période de production accrue d'ACTH est déclenchée par le solstice d'été et s'étend de juillet à novembre inclus. Il en est de même pour les chevaux souffrant de PPID.
Des études complémentaires ont permis d’établir des intervalles de référence saisonniers permettant ainsi d’utiliser le dosage de l'ACTH toute l'année pour dépister la maladie de Cushing. En outre, il a été démontré que l’automne serait le moment le plus opportun pour tester son cheval. En effet, c’est à cette saison que le dosage plasmatique de l’ACTH basale présente les meilleures sensibilité et spécificité.

Ensuite, la recherche de plus de précisions en matière de dépistage en dehors de cette période automnale a mené au développement d’un autre test diagnostique.

[LE TEST DE STIMULATION A LA TRH]
Le test de stimulation à la TRH (hormone thyréotrope) permet d’établir un diagnostic du PPID encore plus précis que l’ACTH basale.

⚠️ Enfin, il est important de noter que l’insulinorésistance est fréquemment présente chez les chevaux souffrant de PPID. Il convient donc de tenir compte des paramètres glucose-insuline dans le bilan complet du cheval PPID, ainsi que dans sa gestion nutritionnelle par la suite.

c. Quels traitements possibles?

Il existe à ce jour des traitements médicamenteux efficaces permettant de limiter la progression de la maladie.

Votre vétérinaire sera à même de vous conseiller pour la mise en place et le suivi du traitement.

✅ Il convient de faire un point sur le reste des paramètres qui peuvent affecter la santé du cheval : statut vaccinal, santé dentaire, vermifugation, maladies rénales ou hépatiques.

✅ La mise en place de mesures environnementales adaptées (si le cheval vit en groupe) peut être bénéfique également :
- séparer le cheval pour le nourrir,
- porter une attention particulière à la hiérarchie du groupe,
- s’assurer que le cheval parvient à se nourrir même s’il occupe un rang social inférieur au sein du troupeau.


Comment gérer l’alimentation du cheval atteint de la maladie de cushing?

1️⃣ - Le cheval est atteint du syndrome de cushing, mais ne présente aucun signe de gravité

Si un cheval au repos d’état corporel satisfaisant présente des signes cliniques de PPID sans jamais avoir souffert de fourbure, la distribution d’un fourrage (pâturage et/ou foin) de bonne qualité et en quantité suffisante peut suffire à couvrir ses besoins énergétiques (en kg de foin brut, distribuer environ 2% du poids vif du cheval).

⚠️ Cependant, il est important de faire analyser son foin afin de connaitre sa teneur en sucres solubles. Les sucres solubles sont des ‘sucres simples’ tels que le glucose, fructose, sucrose, maltose, et les fructanes. Ils sont digérés dans l’intestin grêle et leur absorption influence la réponse glycémique du cheval.
Il est possible d’envoyer un échantillon de foin au Laboratoire Reverdy en vue d’une analyse des constituants analytiques.

L’apport d’un CMV (complément minéral et vitaminique) ou d’un supplément à base d’oligo-éléments et de vitamines tel le Reverdy MINÉRAL OLIGOVIT*, est recommandé afin d’assurer une couverture satisfaisante des besoins journaliers en ces nutriments déficitaires, plus ou moins partiellement, dans la majorité des fourrages.


2️⃣- Le cheval est atteint du syndrome de cushing et présente une fonte musculaire

Pour les chevaux ayant une musculature insuffisante et/ou recevant un fourrage pauvre en protéines, il est préférable de distribuer le correcteur de foin CEREAL FREE qui, en plus des vitamines et des oligo-éléments, apporte des protéines de qualité riches en acides aminés essentiels, ainsi que des oméga 3 et des postbiotiques (ferments lactiques) favorables au maintien d’une bonne santé digestive et métabolique.


3️⃣- Le cheval atteint du syndrome de cushing, est démusclé et amaigri

Si en plus de la fonte musculaire le cheval est amaigri, la distribution d’un aliment complet (en plus de la mise à disposition de foin à volonté) facilite la reprise d’état corporel. Dans ce cas, il convient de privilégier les aliments essentiellement constitués de fibres et de matières grasses. Ces derniers peuvent également contenir une faible quantité de céréales, sources de glucides complexes (amidon).

✅ Il est recommandé de ne pas dépasser 30g d'amidon pour 100kg de poids vif (PV) par repas et de privilégier les sources « lentes » telle l’orge qui contient un amidon moins digeste que celui de l’avoine, du blé ou encore des flocons de céréales.
 La distribution de flocons de céréales est fortement déconseillée.

Pourquoi les floconnés sont-il fortement déconseillés pour les chevaux atteint de la maladie de cushing?
Les flocons de céréales ont un index glycémique élevé. Les chevaux qui ont un syndrome de Cushing/PPID présentent en effet une hyperinsulinémie (associée à une hyperglycémie) prolongée après le repas. L'ingestion de céréales floconnées aggraverait l'hyperinsulinémie et au final l'état de santé des chevaux présentant une insulino-résistance.

Les aliments contenant de la mélasse sont à proscrire car cet ingrédient est riche en sucres simples (saccharose = sucre blanc) susceptibles d’aggraver l’insulinorésistance souvent présente chez les chevaux atteints de la maladie de Cushing.

L’aliment Reverdy ADULT SPECIFIC ENERGY est un aliment granulé pauvre en amidon, enrichi en fibres et en matières grasses.

[CONTRIBUER A LA REPRISE D'ÉTAT DU CHEVAL CUSHING]
En complément de cette alimentation, il est recommandé d'apporter des pré/pro/post-biotiques et des matières grasses.
Le Reverdy FLORE est une association de probiotiques et postbiotiques qui contribue au meilleur fonctionnement de la flore intestinale. Elle se caractérise notamment par une amélioration de la digestibilité des fibres et donc une prise d’état corporel.
L'ajout de Reverdy OMEGA OIL (mélange d’huiles de lin et de germes de maïs non OGM) permet un apport calorifique sous forme de matières grasses, ainsi qu’un apport d'Oméga 3, 6, et 9, bénéfiques pour la santé (propriétés anti-inflammatoires).


4️⃣ - Le cheval est atteint du syndrome de cushing et souffre de fourbure chronique

Pour les chevaux sujets à la fourbure, la restriction vis-à-vis des glucides est encore plus importante.

    • Le seuil maximal à ne pas dépasser concernant l’amidon est 15g pour 100kg de poid vif par repas.
    • Pour les fourrages, la teneur maximale acceptable en sucres solubles est 10% de la matière sèche (MS).

Concernant le pâturage, il est recommandé de restreindre l’accès à l'herbe durant les périodes où l'accumulation de sucres solubles est importante, à savoir : au début du printemps et à la fin de l'automne, après des périodes de sécheresse ou de gel, les jours ensoleillés sans nuages suivant une nuit fraîche (< 5°C).

Le saviez-vous : L’herbe carencée en azote (jaunie) est également plus susceptible d’être riche en sucres solubles, raison pour laquelle il est important de fertiliser correctement ses prairies, sans carence ni excès.
Par ailleurs, il est possible d’avoir recours à un panier muselière dont le rôle est de limiter l’ingestion de l’herbe.

Enfin, il est conseillé de faire tremper le foin dans de l’eau pendant 2h avant distribution afin d’éliminer une partie des sucres solubles.

[POUR ALLER PLUS LOIN...]

La supplémentation en vitamines C et B12 semble pertinente.

En effet, plusieurs études ont révélé que les chevaux atteints par le Cushing/PPID seraient carencés en vitamine C. Or, cette dernière joue un rôle essentiel dans l’immunité qui baisse avec l’âge et les dérèglements hormonaux observés chez ces chevaux. C’est pourquoi, il est conseillé de supplémenter en vitamine C les chevaux atteints de Cushing à hauteur de 1 à 2 gr/jour - jusqu'à 10g/2 fois par jour.

Enfin, une étude récente (mars 2020) a démontré que les chevaux souffrant de la maladie de Cushing/PPID seraient également déficitaires en vitamine B12. Cette vitamine joue un rôle essentiel dans le fonctionnement normal du cerveau et du système nerveux central.

Le saviez-vous : Chez l’humain, les carences en vitamine B12 auraient un lien direct avec les maladies d’Alzheimer et de Parkinson. De même, les personnes atteintes de la maladie de Cushing sont souvent carencées en vitamine B12 également.

Aussi, même si davantage de recherches doivent encore être réalisées dans l’espèce équine, une supplémentation renforcée en vitamine B12 chez les chevaux atteints de la maladie de Cushing semble pertinente.

Notre gamme d'aliment complet Reverdy est renforcée en vitamines, et notamment en vitamine B12 (CEREAL FREE) voire en vitamine C (ADULT SPECIFIC ENERGY).


En conclusion,
un diagnostic précoce associé à un traitement médical et une gestion nutritionnelle adaptés contribuent à améliorer le confort et l’espérance de vie des chevaux atteints de la maladie de cushing.

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